Pourquoi Mo BAMBA aurait dû être préféré à Matt COSTELLO

À la veille du coup d’envoi de la 31e édition de la FIBA Afrobasket 2025, une décision de Michel HOYO, coach des éléphants basketteurs de Côte d’Ivoire suscite de vifs débats : le choix de Matt COSTELLO au profit de Mohamed BAMBA (Mo BAMBA).

Si l’argument officiel repose sur une règle FIBA limitant à un seul le nombre de joueurs naturalisés par sélection, la question centrale est ailleurs : ce choix relève-t-il uniquement de considérations administratives ou cache-t-il des préférences humaines et sportives ?

Mo Bamba, seul joueur d’origine ivoirienne en NBA et actuellement éligible pour la Côte d’Ivoire mais en tant que joueur étoilé, incarne un potentiel de long terme et un symbole fort pour une sélection en quête de renouvellement. Pourtant, il a vu son rêve de débuter sous le maillot ivoirien être brisé à la dernière minute, à quelques jours de l’Afrobasket.

José DJATI, journaliste et consultant sportif, livre une analyse détaillée que nous reproduisons intégralement. Ses propos mettent en lumière les probables raisons, enjeux relationnels et conséquences possibles de ce choix sur l’avenir de la sélection.

Les propos de DJATI

AFROBASKET ANGOLA 2025/POURQUOI MO BAMBA AURAIT DÛ ÊTRE PRÉFÉRÉ À MATT COSTELLO

Logés dans la poule A en compagnie du Rwanda, du Cap Vert et de la RD. Congo, les Éléphants basketteurs de Côte d’Ivoire prendront part du 12 au 24 août 2025 à la 31ème édition de l’Afrobasket masculin en Angola. Les Éléphants entreront dans la compétition dès demain mercredi 13 août 2025 pour affronter le Rwanda.

Mais déjà, l’annonce de la liste officielle des 12 joueurs retenus par la fédération ivoirienne de basket pour cette compétition majeure à fait l’effet d’un coup de tonnerre. En effet, Mo Bamba, l’ex-pivot des Clippers de Los Angeles qui vient de faire une pige de 10 jours chez les Pellicans de la Nouvelle Orléans et qui est en instance de signer dans un club majeur cette saison, a été « rayé » à la dernière minute de la liste des « 12 » devant prendre part à l’Afrobasket.

Le technicien espagnol des Éléphants, Miguel HOYO, ne l’a pas retenu.

Mohamed Bamba, dit Mo Bamba, 27 ans, 2m 13 pour 2m 39 d’envergure et 105kg, a été « sacrifié » au profit de Matt Costello. La Fédération ivoirienne de Basket Ball a appuyé son argumentaire « d’exclusion » de cet excellent pivot, sur un règlement de la Fédération Internationale de Basket (FIBA) qui n’autorise qu’un seul joueur naturalisé pour une sélection dans une compétition officielle. Mo Bamba et Matt Costello (32 ans, 2m 08, 111kg, évoluant en Espagne), étant tous les de nationalité américaine et naturalisés ivoiriens, la fédération a donc fait un choix. Celui de Matt Costello. 

Un choix douloureux et préjudiciable à Mo Bamba. Le jeune prodige ivoirien de la NBA s’est vu prier de quitter le regroupement des Éléphants en France, d’où il a regagné les États-Unis, ruinant ainsi ses espoirs de participer à l’Afrobasket. À la lecture des arguments avancés par la Fédération ivoirienne de Basket Ball (FIBB), à moins d’apporter d’autres informations complémentaires, il semble que, seul l’argument administratif a prévalu, pour écarter Mo Bamba. On peut en déduire que le choix porté sur Matt Costello relève beaucoup plus de l’affection que de celui du sportif ou de la performance, aspects devant normalement faire foi pour trancher entre les deux joueurs, par l’encadrement technique de la sélection nationale.

Pour voler au secours de la FIBB, on pourrait même ajouter à ses éléments administratifs qu’elle a évoqués et qui justifient sa préférence faite à Costello, on pourrait aussi lui concéder l’argument du statut de cadre dont jouit Matt Costello au sein l’équipe. Il a en effet déjà participé à de nombreuses compétitions d’envergure avec les Éléphants. Sans compter le fait qu’il évolue en Espagne, le pays d’origine du coach des Éléphants Miguel HOYO. Ce dernier et le joueur se connaissent donc bien. Il existe bien une affinité. Ce sont là des aspects cités pêle-mêle qui peuvent avoir milité pour le choix de Costello et laisser Mo Bamba sur le bord de la route de l’Afrobasket masculin 2025 en Angola.

Sauf que, Mo Bamba n’est pas le premier venu, sportivement parlant. C’est en effet le seul joueur NBA que possède en ce moment la Côte d’Ivoire. Il est très jeune, comparativement à Costello. Il représente l’avenir de la sélection nationale vieillissante, sur lequel la fédération devrait désormais bâtir son projet. Le comble, c’est que Mo Bamba s’est beaucoup sacrifié pour espérer porter un jour le maillot de son pays d’origine, la Côte d’Ivoire, sur un parquet, au cours d’une compétition majeure. Et ce jour-là, il espérait tant que ce soit demain face au Rwanda. Cela ne sera malheureusement pas le cas pour lui.

On se souvient encore du travail colossal et des grandes tractations menées depuis 2020 par Coulibaly Mahama, l’ancien président de la Fédération ivoirienne de Basket Ball. C’est sous le dynamisme de sa présidence à la tête de la FIBB que Mo Bamba a été détecté, contacté puis convaincu de rejoindre les Éléphants basketteurs. Puis, quatre (4) ans se sont écoulés, jusqu’au 12 mai 2024, jour anniversaire de ses 26 ans, pour voir Mo Bamba recevoir (enfin !) son passeport ivoirien des mains de l’actuel Ministre délégué auprès du premier ministre, chargé des sports et du Cadre de vie, Adjé Silas Metch.

Un long parcours donc. Une si longue attente, avant de jouer pour la Côte d’Ivoire. Ces faits auraient dû militer pour Mo Bamba au moment du choix de la FIBB. On aurait pu lui envoyer ce signal fort de sa reconnaissance envers la Nation pour cet Afrobasket là. L’ex-pivot des Clippers aurait dû être mis en avant. Mo Bamba a 27 ans. Matt Costello est un excellent joueur. Mais il en a 32.

Interrogé, un spécialiste du Basket Ball qui suit l’actualité de la sélection nationale affirme que la Fédération ivoirienne de Basket Ball aurait pu se passer de cette situation gênante. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu’elle savait dès le départ qu’un seul joueur naturalisé était autorisé par la FIBA. Et donc, dans ce cas, elle n’aurait tout simplement pas dû convoquer Mo Bamba si elle ne comptait pas sur lui, pour ensuite le laisser quitter plus tard le regroupement des Éléphants. « Cela peut être très frustrant pour un garçon comme Mo Bamba», poursuit-il.

À la question de savoir si la décision de la FIBB n’est pas la bonne, parce qu’ayant misé sur l’avenir avec Mo Bamba, plus jeune, qui a encore du temps devant lui, qui a été délaissé au profit de Costello qui va disputer l’une de ses dernières capes en tant que cador de la sélection, et à qui la FIBB veut sans doute rendre un hommage, il répond : « attendons de voir. Et si jamais c’était le cas, alors, la fédération aurait dû faire cela autrement ».

Aux dernières nouvelles, Mo Bamba serait déboussolé et incompréhensif face à cette situation qui lui arrive. Sera-t-il toujours motivé à rejoindre les Éléphants pour les futurs challenges sportifs de la Côte d’Ivoire en ayant digéré cette frustration ?

Derrière cette affaire, se joue bien plus qu’un simple choix sportif : c’est tout l’équilibre entre règles, compétitivité interne, liens humains et vision à long terme qui est en question. En misant sur Matt Costello, la FIBB a misé sur l’expérience et la continuité… quitte à écarter un symbole de jeunesse, de potentiel et d’avenir.

La question est désormais simple : ce pari sera-t-il gagnant ? Mo Bamba, blessé dans son orgueil, acceptera-t-il de revenir porter le maillot ivoirien ? Et surtout, que restera-t-il de cette décision lorsque la FIBB tentera de séduire d’autres joueurs à naturaliser ? Une fédération respectée ? Ou une institution perçue comme imprévisible ?

Les supporters, eux, attendent des réponses… et surtout des victoires.

Restez branchés sur Police du sport pour ne rien rater du parcours des éléphants pendant la FIBA Afrobasket Angola 2025