Ces derniers mois, plusieurs joueurs ivoiriens ou d’origine ivoirienne ont fait parler d’eux, non pas pour leurs performances en club, mais pour leurs choix de nationalité sportive. Si certains, comme le gardien Alban LAFONT, ont entrepris des démarches pour rejoindre les Éléphants, d’autres, à l’image de Célestin ÉCUA et Michael DIA WAH, se sont tournés vers d’autres sélections africaines. Une tendance qui illustre les nouvelles dynamiques du football continental.
Alban LAFONT, du maillot des bleus aux Éléphants ?
Né à Ouagadougou mais formé en France, Alban LAFONT (25 ans) est passé par toutes les sélections de jeunes des Bleus, jusqu’aux Espoirs. En 2022, Didier DESCHAMPS l’avait même convoqué en équipe de France A pour remplacer Hugo LLORIS.
Contrairement aux rumeurs, LAFONT n’a jamais détenu de nationalité sportive burkinabè. Comme l’a précisé le journaliste ivoirien Martial GOHOUROU, sa seule nationalité sportive est française.
Mais grâce à ses origines par son arrière-grand-mère, native d’Odienné, le gardien de Panathinaikos FC en Grèce a exprimé son désir de défendre les couleurs de la Côte d’Ivoire. Une procédure a été lancée auprès de la FIFA pour officialiser son changement de nationalité sportive. Si elle aboutit, les Éléphants accueilleront un renfort de poids dans leurs cages.
Célestin ECUA, un pur produit ivoirien devenu Sao
Formé en Côte d’Ivoire, Célestin ECUA a connu une ascension fulgurante. Passé par Yamoussoukro FC , AS Denguélé d’Odienné, ES Bafing, puis Zoman FC, il s’est fait remarquer comme un attaquant explosif. Prêté à l’ASEC Mimosas, il a évolué en Coupe de la Confédération et dynamisé une attaque alors en difficulté.
Son passage en Ligue 1 ivoirienne reste marquant : lors de la saison 2024-2025, ECUA a terminé avec 15 buts et 12 passes décisives, s’imposant comme l’un des meilleurs joueurs du championnat. Il a également porté les couleurs de la sélection locale de Côte d’Ivoire, sans toutefois parvenir à qualifier les Éléphants pour le CHAN 2025.
Transféré à Young Africans (Tanzanie) jusqu’en 2027, ECUA a finalement opté pour le Tchad, où il disputera les éliminatoires du Mondial 2026. Dans un communiqué, il a expliqué son choix comme un acte d’amour pour son deuxième pays et a promis de défendre avec honneur les Sao, tout en rappelant son attachement éternel à la Côte d’Ivoire.
Michael DIA WAH, de la Ligue 1 ivoirienne au Tchad
À l’instar de Célestin ECUA, le latéral gauche Michael DIA WAH a également choisi le Tchad. Ancien joueur du Stade d’Abidjan, il a contribué à la remontée du club en première division avant de rejoindre le LYS de SASSANDRA. Parti ensuite à l’étranger, il évolue désormais au Soudan avec Al Merreikh.
DIA WAH a participé à plusieurs rassemblements des équipes locales de Côte d’Ivoire, sans toutefois disputer de match officiel. Comme ECUA, il a répondu favorablement à l’appel du Tchad, renforçant ainsi un effectif en pleine reconstruction.
Pacôme ZOUZOUA, entre Éléphants et la tentation tanzanienne
À 28 ans, Pacôme ZOUZOUA est devenu l’une des grandes figures du football tanzanien sous les couleurs des Young Africans. Surnommé « Master » ou « El Profesor », il enchaîne les performances de haut niveau qui séduisent les supporters locaux.
Avant de briller en Tanzanie, ZOUZOUA a fait ses classes dans la Ligue 1 ivoirienne, où il a défendu les couleurs du SC Gagnoa, de l’Africa Sports d’Abidjan puis de l’ASEC Mimosas. Auteur d’une saison exceptionnelle en 2022-2023, il a été élu meilleur joueur de la Ligue 1 ivoirienne, une distinction qui a ouvert la voie à son transfert en NBC Premier League en Tanzanie.
Déjà sélectionné avec les Éléphants locaux lors du CHAN 2023 et convoqué par Emerse FAÉ en mars 2024 pour affronter le Bénin et l’Uruguay (sans entrer en jeu), son avenir international reste en suspens. Certains supporters tanzaniens réclament sa naturalisation sportive et son intégration dans la sélection nationale. La Fédération Ivoirienne de Football cédera-t-elle à cette pression ?
Nationalités sportives : entre arrivées et départs, la Côte d’Ivoire au cœur d’un phénomène qui interroge
Ces trajectoires croisées mettent en lumière un constat : la Côte d’Ivoire, terre de talents, attire mais voit aussi certains de ses joueurs s’échapper vers d’autres horizons. Si l’arrivée probable d’Alban LAFONT redonnerait un signal fort, les départs de certains footballeurs comme Célestin ECUA et Michael DIA WAH au Tchad, ainsi que les incertitudes autour de Pacôme ZOUZOUA, rappellent à quel point la gestion des binationaux et des joueurs locaux est devenue un enjeu stratégique pour tous.
Dans un contexte où les fédérations africaines multiplient les démarches pour attirer des renforts, la Côte d’Ivoire devra trouver le juste équilibre entre valorisation de ses pépites locales et intégration de ses binationaux, sous peine de voir ses talents écrire leur histoire sous d’autres drapeaux.
